DSI, le nouveau décideur métier ?

DSI, le nouveau décideur métier ?

La fonction IT est au cœur de nombreux bouleversements. Le rôle du Directeur des systèmes d’information, tel que défini au début des années 80, est en pleine mutation. Aujourd’hui, le CIO fait partie des dirigeants décisionnaires et doit superviser des équipes, des processus et des technologies dans le cadre du service informatique d’une entreprise, de sorte que ce dernier concoure à la réalisation des objectifs commerciaux. Outre la gestion de l’infrastructure, la politique informatique, la planification, le budget, l’embauche, la formation, on attend aussi du DSI qu’il contribue à la croissance des bénéfices et à la transformation de l’entreprise. C’est l’ère du DSI hybride : à la fois pilote de l’innovation et dirigeant éclairé au service de la performance commerciale de l’organisation.

Un spectre de compétences plus étendu que jamais

La place stratégique qu’il a acquis dans un nombre croissant d’entreprises est une formidable opportunité, mais doit être accompagnée des deux côtés du gué : pour les CIO d’une part, qui doivent prendre conscience de l’impact qu’ils peuvent avoir sur la stratégie de leurs entreprises ; pour les Comex d’autre part, qui doivent tirer parti de l’expertise technologique présente en leur sein.

La DSI comme centre de coûts a vécu : non seulement les équipes IT s’imposent désormais comme un véritable centre de profits (et ce phénomène est d’autant plus vrai que l’entreprise est mature dans sa transformation digitale*), mais en outre, les projets qu’elles portent sont plus liés que jamais aux objectifs business de leurs employeurs : 63 % des CIO sont désormais concentrés sur des projets générateurs de revenus plutôt que sur des solutions génératrices d’économies** !

Un marqueur de la maturité des entreprises

La part des CIO qui reportent directement à leur CEO compte d’ailleurs parmi les principaux critères d’évaluation de la maturité digitale des grandes entreprises, selon Gartner. Et les différences sont éloquentes : si, parmi les plus en avance de phase, près de 60 % des CIO disposent de ce lien direct avec leur hiérarchie, ils ne sont que moitié moins parmi les entreprises les moins matures sur le plan de la transformation digitale. Des chiffres qui ne permettent évidemment pas de définir qui de la poule ou de l’œuf est à l’origine du phénomène, mais qui dessinent très clairement une dynamique vertueuse dans laquelle les responsables IT comptent parmi les principaux décisionnaires en matière de stratégie d’entreprise.

Cette place de pivot acquise par la fonction IT trouve une autre illustration dans le champ d’intervention de ces CIO d’un nouveau genre, experts technologiques, mais également véritables référents en matière d’innovation. Dans son étude annuelle sur les missions de la DSI, Gartner montre ainsi que l’un des marqueurs clé de maturité est la capacité du DSI à intervenir sur d’autres sujets que ceux de la définition de la stratégie digitale. Parmi les entreprises les plus en pointe, 84 % des CIO exercent des responsabilités au-delà du seul spectre IT, contre 53 % parmi les moins performantes***.

Le DSI à la manœuvre 

Dans ce nouveau paysage, c’est à lui de définir les contours de son nouveau rôle. Puisque le voilà invité à la table du Comex, sa mission n’est pas uniquement d’intégrer des paramètres métier dans la gouvernance IT – on peut espérer que ce mouvement est déjà enclenché – mais bien d’infuser une « culture IT » au sein des organes décisionnaires de l’entreprise. Cette brique centrale, au cœur des processus quotidiens comme de la gouvernance, c’est le DSI connecté, capable d’impulser la transformation des outils, des modes de travail et du business model, mais également de lui donner un caractère opérationnel, au service de la performance collective.

*Etude sur la transformation IT, Dell EMC – 2017
**The creative CIO, Harvey Nash/KPMG – 2016
***The CIO Agenda, Gartner – 2017