Votre entreprise a-t-elle besoin d’un Chief Robotics Officer ?    

Chief Robotics Officer

Vos équipes compteront bientôt (si ce n’est pas encore le cas) des collaborateurs d’un nouveau genre. Mais pour gérer ces nouvelles recrues robotisées, il vous faudra également compter sur un nouveau genre de leader. Appel à candidatures !

Cela ressemble à un mauvais scénario de science-fiction. Le drame s’est pourtant réellement produit. En juillet 2015, dans une usine d’assemblage Volkswagen en Allemagne, un robot a tué un ouvrier de 22 ans. Bien que la direction du groupe automobile ait indiqué que le dysfonctionnement de la machine était dû à une erreur humaine, l’accident a engendré un débat public sur l’avenir de la collaboration entre les humains et les robots.

Il n’y a pas encore si longtemps, assurer la bonne intégration de collègues robots aurait semblé une tâche complètement dystopique. Aujourd’hui en revanche, ce rôle semble beaucoup plus proche. Une étude de la Fédération Internationale de Robotique montre que la densité de robots ne cesse d’augmenter. Dans l’industrie manufacturière, on compte 74 robots pour 10 000 employés, soit une hausse de 12 % en seulement 3 ans. Selon une autre étude menée par Dell Technologies, 82 % des dirigeants d’entreprises estiment que les hommes et les machines travailleront en équipes intégrées au sein de leur organisation d’ici 5 ans.

Alors que des milliers d’entreprises partout dans le monde se tournent vers la robotique pour enrichir leur force de travail, beaucoup ont donc également accueilli un nouveau membre dans l’équipe dirigeante : le Chief Robotics Officer.

Une demande croissante en « chef des robots »

Sarah Boisvert, auteur de « The New Collar Workforce » et fondatrice du Fab Lab Hub, une organisation à but non lucratif qui donne des formations avancées sur les nouvelles technologies, tente de dessiner les contours du poste. Elle considère le CRO comme un rôle, certes émergeant, mais particulièrement important dans l’industrie. « Le CRO prend en charge l’intégration de la robotique avec les autres technologies pour améliorer la productivité et aider les humains à interagir avec les robots », décrit-elle.

En plus de mettre en place des programmes réguliers de formation, il se tient au courant des dernières avancées dans le domaine et gère le recrutement d’opérateurs et de techniciens de maintenance qui programment les robots et réparent les machines. Une partie de la mission est également orientée données, avec la collecte d’information pour mettre en place des algorithmes d’analyse prédictive.

D’après la Robotics Business Review, le CRO est un des métiers d’encadrement à la plus forte croissance dans la tech. Le cabinet Myria Research prédit qu’en 2025, plus de 60 % des compagnies de l’indice Global 1 000 dans les secteurs de la santé, de l’énergie et de l’agriculture auront un CRO. Aujourd’hui déjà, des géants comme Amazon, Walmart ou Adidas ont d’ores et déjà recruté le leur.

La « next big thing » est arrivée

Dès 2007, Bill Gates déclarait lors d’une prise de parole devenue célèbre que les robots et l’automatisation serait « the next big thing ». Le fondateur de Microsoft estimait alors que l’automatisation allait révolutionner la majorité des tâches quotidiennes, aussi bien dans le monde professionnel que dans la vie de tous les jours. Plus de 10 ans plus tard, ses prédictions sonnent justes.

Tractica, spécialiste de la business intelligence, estime que le marché mondial de la robotique va passer de 28,6 milliards de dollars en 2015 à 151,7 milliards de dollars à l’horizon 2020. Et si les robots sont majoritairement représentés dans l’industrie et les chaînes logistiques, où l’automatisation aide à rendre les opérations plus efficaces, l’évolution des technologies va les pousser vers une plus grande variété de secteurs, qui n’étaient au premier abord pas portés sur la technologie.

Les acteurs du transport ont déjà commencé à intégrer les voitures autonomes à leur feuille de route et même les valises autonomes. Dans les ressources humaines, les responsables examinent de très près comment les intelligences artificielles peuvent les assister dans la sélection des profils les plus adaptés à un poste.

Bien qu’il soit difficile d’établir avec précision combien de CRO émergeront de cette transformation globale, le besoin de compétences et de leadership pour mener cette nouvelle force de travail automatisée apparaît quant à lui de plus en plus clairement.

Boris Krumney, CRO de UiPath, un fournisseur de processus robotisé, pensent que toute compagnie pouvant automatiser une partie de son activité aura potentiellement besoin d’un CRO. « Nous sommes à l’aube d’un changement massif dans les méthodes de travail, affirme-t-il dans une interview avec Platform Outsourcing Nederland. À la hauteur de ce qu’ont pu apporter les terminaux mobiles dans nos tâches quotidiennes ».

Former les leaders de la future force de travail

Alors que les plus grands analystes, comme Gartner, Tractica ou Robotics Business Review annonce que le développement de la robotique sera bénéfique pour les entreprises, cet afflux de technologies risque également de poser son lot de difficultés.

Selon Dwight Klappich, vice-président en charge de la recherche chez Gartner, de nombreuses sociétés n’ont pas saisi l’importance du management dans le domaine de la robotique. « Alors que l’utilisation des robots croît très vite, la définition des principes, processus et règles pour manager des travailleurs automatisés en sont encore à leurs prémices », souligne-t-il.

Pour tirer le meilleur de la révolution robotique, Klappich recommande chaudement aux entreprises de créer un poste de CRO, qui associera des compétences en ingénierie, en informatique et en gestion du capital humain, pour construire la structure qui supervisera toutes les facettes du cycle de vie des robots.

« La robotique progresse à un rythme effréné, rappelle Sarah Boisvert. Elle a un énorme potentiel en matière d’emploi, mais pour former ses leaders, nous devons penser à long terme et collectivement améliorer nos programmes de formation et notre agenda éducatif ».

About the Author: Karim Manar

Karim Manar est Enterprise Marketing Lead chez Dell Technologies France.